Itinéraire

La porte Kent 

Nommée en l’honneur du père de la reine Victoria, la porte Kent n’a jamais été une porte militaire, mais un ouvrage municipal conçu par Charles Baillairgé, ingénieur de la Ville de Québec, afin de faciliter la communication de la population du faubourg Saint-Jean. Érigée de 1878 à 1879, à l’angle des rues Dauphine et d’Auteuil, cette porte, qui fait « l’ornement de Québec », comme l’avait prédit le comte Dufferin, n’a pas toujours inspiré confiance. En 1932, en raison des vibrations causées par le passage du tramway : « C’est aussi pour cette raison que non seulement l’on a interrompu le trafic des piétons et des voitures, mais, avisé également la compagnie du tramway qu’elle devra immédiatement changer son circuit à cause de la vibration qu’entraîne inévitablement le passage de ses voitures et qui peut influer sur la résistance de la partie de la porte Kent qui menace de s’écrouler. »  

La redoute Dauphine 

Située à proximité des rues d’Auteuil et McMahon, la redoute Dauphine, projet de l’ingénieur de Beaucours, ne l’a pas eu facile depuis sa construction en 1712. Un an seulement après le début des travaux, ceux-ci sont interrompus. Abandonnée pendant plus de trente ans, la redoute Dauphine reçoit finalement en 1747 et 1748 les soins de l’ingénieur Chaussegros de Léry. Une vingtaine d’années plus tard, un autre ingénieur, cette fois-ci britannique, décide de lui venir en aide. Dans une lettre datée du 5 juillet 1770, John Marr rapporte qu’afin d’empêcher la « folle Dauphine » de s’écrouler, deux nouveaux contreforts sont en train de lui être ajoutés. En 1983, soit onze ans après l’annonce de sa restauration, la redoute Dauphine, « joyau du patrimoine canadien », est enfin ouverte au public.  

La bibliothèque Monique-Corriveau 

Œuvre de l’architecte Jean-Marie Roy, l’église Saint-Denys-du-Plateau, érigée en 1964, fut achetée par la Ville de Québec en 2009 afin d’y relocaliser la bibliothèque Monique-Corriveau. La transformation de ce lieu de culte en une bibliothèque municipale fut réalisée par le consortium Dan Hanganu et Côté Leahy Cardas architectes. Le 30 novembre 2013, dans sa chronique intitulée « Un temple lumineux », François Bourque du journal Le Soleil mentionna au sujet de cette nouvelle bibliothèque, située au 1100, route de l’Église : « Le résultat d’ensemble est lumineux. À la fois spectaculaire et sobre. À la fois en rupture et en respect de l’usage passé. C’est une des signatures de Hanganu. Jouer sur la mince ligne de la “continuité par contraste, en ayant soin de ne pas déranger et de ne pas créer de conflits” […] Un architecte gagne des batailles et en perd d’autres. Dan Hanganu a perdu celle de la croix sur la façade. Ce Roumain d’origine, de religion orthodoxe, aurait préféré la conserver. Question de “culture”. Il a fallu la retirer parce qu’elle risquait de tomber, comme l’ensemble du clocher qui a dû être reconstruit. »  

Le pavillon Pierre Lassonde  

Le pavillon Pierre Lassonde du Musée national des beaux-arts du Québec (MNBAQ), construit à l’emplacement de l’ancien couvent des Dominicains, a ouvert ses portes sur la Grande Allée le 24 juin 2016. Conçu par le consortium d’architectes OMA (Office for Metropolitan Architecture), de New York, et Provencher_Roy architectes, de Montréal, ce « nouveau bâtiment de calibre international » a su charmer l’ensemble de la population. Lors de son inauguration, madame Julie Lemieux, alors vice-présidente du comité exécutif de la Ville de Québec, avait déclaré : « C’est un joyau qui va tellement faire rayonner Québec, on ne soupçonne pas encore à quel point. C’est un mariage parfait entre le patrimoine et la modernité ».  

L’Hôtel Loews Le Concorde 

En 1972, la société Domaines Concordia Limitée de Montréal débuta sur la Grande Allée à Québec la construction de l’Hôtel Le Concorde, laquelle soulevait alors la réprobation de certains citoyens des environs estimant qu’un édifice de 29 étages ne cadrait pas avec la quiétude de la place Montcalm et des plaines d’Abraham. Conçu par la firme d’architectes Dimitri Dimakopoulos & Associés, cet hôtel présente une forme semi-pyramidale, inspirée apparemment par les toits pointus caractéristiques du Vieux-Québec, afin de répondre à une exigence particulière de leur client : ériger un édifice devant servir de lien entre le passé et le présent sur un site exceptionnel. Le 11 octobre 1974, au sujet du restaurant surplombant cet hôtel, Fernando Lemieux du journal Le Soleil mentionna dans sa chronique « Servi froid » : « Les Québécois attendaient ce moment depuis longtemps et ils ne seront pas déçus : la plate-forme de l’énorme rotonde qui surplombe l’Hôtel “Le Concorde” gravite maintenant sur elle-même en une heure. Premier établissement du genre au Québec, le restaurant “L’Astral” offre un point de vue unique sur toute la région métropolitaine de la Vieille Capitale et de la Côte-Sud. En ce moment de l’année, vous découvrez la féérie des feuilles mourantes, la beauté du fleuve et, le soir, les millions de lumières qui scintillent. » 

L’Édifice La Capitale 

Le 19 mars 2013, après trois ans de travaux, La Capitale groupe financier inaugura au 623, rue Saint-Amable [Jacques-Parizeau], leur nouveau siège social conçu par Coarchitecture / Lemay & associés en collaboration avec Dan S. Hanganu architectes. Présent lors de l’inauguration, le maire Régis Labeaume salua le respect de l’identité de la Grande Allée, ce « diamant à protéger », par cet édifice de dix étages fait de « matériaux nobles », soit la pierre et la vitre, et déclara : « On est là aujourd’hui dans un édifice qui ressemble à ce que doit être Québec à l’avenir. » Quelques mois plus tard, cette nouvelle construction, « dont l’aspect épuré et lisse des façades contribue à mettre en valeur la richesse des matériaux », reçut le prix du public et celui de la construction neuve, catégorie Édifices commerciaux et industriels, des Mérites d’architecture de la Ville de Québec. 

L’édifice Price 

Situé au 65, rue Sainte-Anne, l’édifice Price, dont la construction débuta en 1929, est le premier gratte-ciel de Québec. Il fut érigé par la compagnie Price Brothers, selon les plans des architectes montréalais George Allen Ross et Robert Henry Macdonald. Le 26 avril 1930, lors de la fin des travaux, on rapporta dans le journal Le Soleil : « Cet édifice donne au passant une bonne idée des signes avant-coureurs du progrès en notre ville. Dix-sept étages composent l’édifice. La Price Brothers Co. s’est réservé des bureaux à partir du septième jusqu’au douzième étage. Le reste a été loué à d’importants bureaux locaux et étrangers. » Quatre mois plus tard, on pouvait lire dans ce même journal : « Mais nous croyons sincèrement que l’édifice Price gâche beaucoup moins l’aspect de la cité que certains “appartements” que l’on a élevés dans des endroits impossibles, en dehors des fortifications. Nous dirions même que l’immeuble en question présente une certaine élégance qui s’harmonise avec la ligne du promontoire et qui met un peu plus d’équilibre sur le cap, en regard de cet autre gratte-ciel qu’on appelle le Frontenac. Dans tous les cas, il y a là une question de goût qui vaut la peine d’être discutée sans dogmatisme étroit. » 

La caisse Notre-Dame-du-Chemin 

Vingt ans après le déménagement de la caisse populaire Notre-Dame-du-Chemin au coin de l’avenue des Érables et de la rue Père-Marquette, un nouvel édifice de quatre étages est érigé à cet endroit en 1963, d’après les plans de Jacques Racicot. À la demande de ses clients, ce jeune architecte avait alors pour tâche de concevoir un édifice devant abriter à la fois une institution financière au sous-sol et au rez-de-chaussée, et des appartements pouvant, au besoin, se transformer en bureaux aux étages supérieurs. Le 6 mai 2003, à propos de sa chronique intitulée « Verrues urbaines » publiée la semaine précédente dans le journal Le Soleil, Norman Provencher mentionna : « Je m’en veux d’avoir oublié dans mon palmarès la caisse populaire de Notre-Dame-du-Chemin […] dans le quartier Montcalm. Un collègue de bureau et une lectrice m’ont rappelé l’existence de cet édifice blanc en spirale, vaguement inspiré du musée Guggenheim de New York. Désolé, connais pas. Qu’importe, dans mon livre à moi, c’est aussi laid que le lutteur dont j’oubliais le nom la semaine dernière, [Wild Bull Curry], c’est bien ça, merci aux deux lecteurs qui m’ont refilé l’information, dont un monsieur de Charlevoix qui confirme que le dit [Wild Bull] était laid comme un pou. » 

José Doré, consultant en histoire.

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