Laissées à l’abandon dans la ville, les valises de Giorgia Volpe semblent avoir été déposées au passage puis oubliées, égarées ou volontairement cédées par leur porteur. Certaines ponctuent le parcours en apparaissant comme par hasard auprès d’un banc de parc, d’un coin de rue ou d’une cabine téléphonique, alors que d’autres ont l’air d’avoir été interrompues en plein déplacement, à proximité de la gare de train ou du quai des croisières.
Les bagages suspects ne renferment pourtant pas de biens personnels à saisir ou de trésors à découvrir : ils sont intégralement composés de béton massif qui en écarte tout usage. La contradiction formelle entre l’immuable matière lourde et la légèreté vagabonde de l’objet qu’elle reproduit crée une rupture aux évocations multiples. Résolument ancrées au sol, les valises obsolètes renvoient à la stagnation récente du voyage, du nomadisme et des migrations humaines si souvent évoqués dans les réalisations de Volpe.
« Je pars et je reviens. Je repars et je reviens. Finalement, je pars pour revenir. Et devoir recommencer. » – Giorgia Volpe
giorgiavolpe.net
Stéphane Bourgeois
